un seul baiser peut tout changer dans une vie. comme aussi votre première relation sexuelle. sur le moment vous êtes tout content d'avoir enfin franchi ce grand pas dans le chemin pour devenir adulte, puis vous retombez brutalement par terre. je l'aimais à la folie, j'étais follement amoureuse. j'avais dix-sept ans et lui dix-huit, on était deux jeunes adolescents amoureux et profitant de la vie. on se disait qu'on avait le temps de tout faire, de parcourir le monde, de faire des bêtises, tout pleins de trucs. mais quand j'ai vu cette petite croix rose sur ce bâton, je savais que on allait plus faire tout pleins de trucs. l'idée qu'il me haïsse à cause de cette petite croix me faisait violemment souffrir. je voulais qu'il m'aime comme moi je l'aime, mais je savais qu'il ne pourrait pas accepter cela et puis j'avais toujours été contre l'avortement. oui moi, cheyenne, la fille de banlieue qui a une vie parfaite, qui est populaire et que tout le monde aime. ma vie était parfaite et j'aurais pu simplement chez le médecin ou truc du genre pour de nouveau avoir une vie normale. mais non, je ne pouvais pas me résoudre d'enlever cette vie à l'intérieur de moi. je voyais ça un peu comme si je choisissais d'euthanasier mon chien alors qu'il était en pleine santé. c'était tout simplement un acte cruel. j'ai donc rompu avec mon petit ami, il a pas comprit pourquoi alors j'ai fait genre que j'avais quelqu'un d'autre. finalement ça n'avait pas changé grand chose. il ne m'aimait plus, il me détestait.

je commençais à prendre de plus en plus de poids. l'uniforme des cheerleaders ne m'allait même plus, j'ai décidé alors que c'était le bon moment de le dire à mes parents. bizarrement il n'y a pas eu de crise ni de larmes. juste des bouches grandes ouvertes et des yeux fixés sur moi comme si ce que je disais était du russe ou du chinois. ils ont comprit, du moins ma mère. mon père avait du prendre une ou deux semaines avant d'être d'accord avec ma décision et surtout que cette annonce était belle et bien vraie. vu que je ne voulais pas que tout le monde sache que j'étais enceinte, ma mère me prit des cours à la maison, c'était ma dernière année et elle aimait pas trop cette idée de rester cloîtrer à la maison, mais j'avais réussi à la convaincre. je sais me montrer très persuasive. mon frère et ma soeur devaient bien sur garder le secret. on avait inventé comme raison que j'étais partie chez mes grands-parents pour le reste de l'année car mes parents m'avaient surprit avec de la drogue. ouais bidon comme raison, quoi que ça aurait pu être vrai. mais maintenant je devais rester discrète et clean, car il y avait un être vivant en moi beaucoup plus fragile.

un grand besoin d'air m'envahis mais rien ne vient. il n'y a plus d'air autour de moi, du moins je n'arrive plus à respirer. je me relève d'un coup et à une vitesse fulgurante. la douleur est encore présente et j'ai faim... ou soif. mais ma pensée va tout de suite à ma fille. blaaa