Sara Delauney (Amber Heard) ○ Ils semblent se connaître depuis toujours. La rencontre était inévitable ; l'amitié entre leurs deux familles, qui s'est souvent transformée en partenariat lors de grosses chasses, semble remonter à la nuit des temps, ou du moins à l'arrivée des Delauney sur le sol américain il y a une demi-douzaine de générations. Rapidement, ils ont tout de suite noué une complicité assez importante, même si elle n'était qu'une gosse cantonnée à l'apprentissage et lui un adolescent qui chassait déjà avec ses parents. Leurs parents mettaient cela sur le compte de leur petit insolent, les mêmes sarcasmes et deux caractères de feu ; deux jeunes âmes déterminées, débrouillardes et surtout, toujours en léger conflit entre elles. Aux yeux de tous, Dex incarnait une sorte de figure fraternelle pour Sara, son côté protecteur semblait sortir instantanément lorsqu'il se trouvait en compagnie de la petite blonde ; au fil des années, leur relation a pris une autre direction, lorsque Sara a commencé à se transformer en une très jolie adolescente sachant jouer de ses charmes et d'une maturité hallucinante, alors que Dex était déjà un ravissant jeune homme dans sa vingtaine.Dexter a toujours gardé ses tendances protectrices autour de la jeune femme ; ça, c'est quelque chose qui n'a jamais changé et ne changera jamais. Ils ont toujours eu cette légère compétition entre eux, dès que Sara s'est révélée douée en chasse, toujours dans un esprit bon enfant et n'hésitant pas à faire équipe à plusieurs reprises. Et c'est à cette période que cette espèce d'attraction, d'attirance est née. Ils ne l'ont jamais mentionnée, se contentant de quelques sous-entendus et de légers flirts lorsqu'ils se relaxaient autour d'une bière après une bonne chasse. Ils ont toujours eu cette dynamique, cette connexion. Ils arrivent à se comprendre en un regard souvent, et sont toujours là à se lancer des pics affectifs. Lorsque les Delauney sont partis en France après une chasse au vampire qui a mal tourné, ils ne se sont croisés que très peu, deux à six fois par an, toujours "par hasard" (ou pas, mais demandez à Sara, elle vous répondra qu'elle n'en sait rien) lors de petits voyages de la blonde dans son pays. En clair, en dix ans, ils ne se sont pas vus tant que cela mais, même s'ils ne gardaient pas franchement contact, ils savaient qu'ils resteraient toujours là l'un pour l'autre. Ils ne sont pas démonstratifs. On sent juste ce qui se passe en les regardant. Y'a quelque chose. On sait pas tellement quoi, mais y'a un feeling. Quelque chose qui les relie et c'est indéniable. Eux-mêmes s'en rendent compte. Des sentiments amoureux? Ouais, il se pourrait bien que Sara se soit amourachée du chasseur, mais jamais, ô grand jamais elle ne l'avouera. Et quant à lui, il faut avouer que Sara est à son goût, dans tous les sens dans lequel on pourrait comprendre ceci. Il est sacrément content que quelques semaines après s'être installé à Twin Cover, taux d'activité surnaturelle élevé oblige, Sara revienne dans sa ville d'enfance. Mais elle est froide et distante, et elle l'évite de surcroit. Il ne comprend pas ; il ne sait même pas pourquoi elle est revenue si brutalement de France et surtout sans lui dire. Une chose est sûre, ils se croiseront forcément à un moment donné - si ce n'est pas Dex, bien agacé par la situation, qui provoque la rencontre - et en attendant, Sara se torture l'esprit en se demandant comment son ami réagira en apprenant qu'elle s'est fait mordre par un loup-garou et qu'ainsi, elle est passée dans l'autre camp sans même le vouloir.

[Voilà quelques jours que Sara est revenue dans la maison de son enfance ; quelques semaines qu'elle est loup-garou. Elle a décidé de revenir aux États-Unis en sachant très bien que sa famille ne pouvait revenir aux alentours de Twin Cover, sans quoi une famille entière de vampires au nombre bien supérieur au leur leur tomberait dessus. En effet, les Delauney n'acceptent pas la situation de Sara et n'ont pas hésité à la menacer de se charger de son cas si elle ne le faisait pas elle même. Mais, malgré diverses tentatives (vaines) pour se suicider (sans réelle conviction, sinon elle aurait utilisé de l'argent directement et serait parvenu à un résultat concluant) qui peuvent sembler comiques à force, Sara est encore là. Présentement, elle est dans sa salle de bain et, jeune recrue chez les loups, elle a encore du mal à se contrôler. C'est ainsi qu'elle se transforme, seule, dans sa salle de bain. En proie à une crise de panique tout simplement tétanisante, Dexter sort de nulle part et la calme - heureusement pour elle, elle a réussi à récupérer sa forme humaine juste avant qu'il ne la voie.] Elle resta de longues minutes qui lui semblèrent durer des heures dans cette position, dans cette salle de bain vide. On frappa un coup à la porte. Puis deux, puis trois. Delauney? Delauney, ça va? Le doux ténor masculin la ramena un instant sur Terre avant de la replonger plus violemment dans sa crise. Elle voulu crier [à Dex] que tout allait bien et lui interdire d'entrer - que Diable foutait-il chez elle? - mais tout ce qu'elle réussit à faire, c'est tousser un nombre incalculable de fois, essayant de récupérer de l'air. Non. Il ne fallait pas qu'il entre. Jamais. Elle ne supporterait pas que quelqu'un la voie ainsi ; humain, chasseur, ou tout autre entité surnaturelle. Et surtout pas [Dex]. Elle le connaissait, très bien même. C'était un chasseur, issu d'une famille de chasseurs. Tout comme elle. Même si elle se doutait bien que derrière toutes ces disputes, ces chamailleries, ces insultes, il était attaché à elle, elle savait très bien qu'il n'hésiterait pas à la descendre sur le champ si elle voyait dans quel état elle était. Et elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas mourir. Sara?! C'était bien la première fois depuis des années qu'elle le connaissait que [Buckley] l'appelait par son prénom. Même lorsqu'elle n'était qu'une ado, il s'était toujours cantonné à son nom. Son nom. Avait-il encore un sens aujourd'hui? Une Delauney. Loup-Garou. Ça relevait de la Science-Fiction! Il tambourina à nouveau sur la porte, bien décidé à l'ouvrir malgré un verrou peu coopératif. Merde. Elle ferma les yeux, serra les poings aussi fort qu'elle le pouvait, plus ou moins prête pour la catastrophe. Puis au final, alors la porte s'ouvrit au grand, Sara éclata en sanglots. Elle s'attendit au pire mais certainement pas à ce que deux bras musclés l'entourent et la serre contre un torse qui dégageait une odeur familière en une étreinte rassurante. Shh. Calme toi. Tout va bien. Je suis là. Sara s'autorisa à garder les yeux clos et à reposer la tête sur l'épaule de son collègue qui resserra un peu l'emprise autour d'elle. Doucement, mais sûrement, étape par étape, la jeune femme se calma. Son pouls repris une allure normale, ses tremblements s'amenuisaient petit à petit, sa respiration redevint régulière. Tout allait bien. Finalement, lorsqu'elle pris conscience de qui s'était passé et elle s'éloigna violemment de l'homme qui se leva d'un bond. Sara remit correctement son peignoir sur son épaule et s'élança vers le miroir. Tout était revenu à la normale. Ça t'arrive souvent ces crises d'angoisses? demanda-t-il en s'approchant doucement. Non, ce n'était pas leur genre. Ce n'était pas ce genre de relation qu'ils entreraient depuis une bonne décennie. Même s'ils n'étaient que des gosses à l'époque, enfin surtout Sara, très vite, ils avaient développé une grande complicité dissimulée sous leurs instincts de compétition et leurs deux caractères de merde. Ils se cherchaient, s'aidaient sur des chasses, se perdaient de vue souvent - comme lorsque Sara est partie en France, malgré de nombreux road trips sur le continent américain, tombant souvent "comme par hasard" sur lui - et se tiraient la gueule les trois quart du temps. Ils ne se faisaient pas des câlins, ils ne se disaient pas des choses gentilles. Ils se souciaient l'un de l'autre en silence, se contentant de longs regards et de signes de tête. Qu'est-ce que tu fous là? Le chasseur haussa les sourcils, le regard fixé sur la nuque de Sara. Ce changement d'attitude, si soudain, ce ton froid.. Elle détestait être vue en moment de faiblesse. Certes, c'était mieux que d'être vue changée mais sa fierté en avait pris un coup. Même si elle doutait qu'il ne lui reparle de cet événement. Elle ne l'avait revu que brièvement la semaine où elle était revenue, le temps de tuer un vampire. Ça fait un moment que je suis dans l'coin. J'ai entendu dire que t'étais revenue dans la maison de ton enfance. Si j'en juge les cartons, tu restes définitivement? Elle acquiesça d'un signe de tête et passa une main sur sa nuque, mal à l'aise. Elle resserra les pans de son peignoir et se tourna vers [Dex]. Tu permets? T'as défoncé ma porte et au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, je suis quasiment nue. J'aimerais bien m'habiller. Un air de défi sur le visage, l'homme fit un pas vers elle. Il était proche, bien trop proche. C'était presque un jeu entre eux à chaque fois qu'ils se croisaient. Mais Sara en avait assez. Il fallait qu'il s'éloigne. Ou qu'elle le fasse. Peu importe. Elle n'était plus la Sara qu'il avait connu. Et elle doutait qu'il n'apprécie lorsqu'il apprenne ce qu'elle était devenue. À ce que je sache, t'es pas très pudique, Delauney. Un léger rire nerveux s'échappa des lèvres de Sara qui baissa le regard et ce n'était pas à cause du souvenir peu glorieux de ces soirées passées à boire qu'il évoquait. Jamais elle ne faisait cela. Son interlocuteur fronça les sourcils. Comme si il sentait que quelque chose était différent. J'suis fatiguée, dude. Ouais, quelque chose était définitivement différent. Y'a quelques mois, elle aurait donné n'importe quoi pour avoir une occasion de lui sauter dessus - et réciproquement. Y'a quelques mois, elle n'aurait jamais été fatiguée pour passer une minute avec lui. Y'a quelques mois, elle ne lui aurait jamais demandé de partir (ou alors l'aurait viré à coup de pieds aux fesses). En fait, y'a quelques mois, elle était encore humaine. Alors, le chasseur, un poil soucieux, soupira et parti. Sans se retourner.