2009 - 23 ans | « Je rentre chez moi. » Ses mots me firent relever la tête de mes bouquins. « Seul.» Mes yeux s'agrandirent sous la surprise. Que voulait-il dire par là ? Je fermais mon livre de cours un peu brusquement « Par seul, tu entends quoi ? » Il m'offrit son sourire en coin que j'avais appris à aimer et à détester. « J'entends par là que je rentre chez moi et que tu restes ici. Je n'ai pas besoin d'être derrière toi en permanence.» « Tu te fous de ma gueule ?» Sa langue claqua. « Langage.» Son comportement avait le don de me faire sortir de mes gonds. Je me mettais debout, tournant en rond comme un lion en cage. Nous étions dans ma chambre sur le campus, moi à mon bureau et lui tranquillement allongé sur mon lit. Il restait parfaitement calme, ce qui ne faisait qu'alimenter ma colère. « Tu en as appris suffisamment pour que tu puisses te débrouiller par toi même. » « Je dois rêver... Tu m'as changé en monstre, tout ça c'est de ta faute et tu voudrais me laisser toute seule ?! » Stephen se releva, s'approchant de moi. « Tu n'es pas un monstre. La morsure est un cadeau et non une malédiction. » Je me plantais devant lui, le fixant dans les yeux. Il me dépassait d'une tête mais je m'en moquais. « Ça c'est toi qui le dis.» « C'est ma décision et je ne reviendrais pas dessus.  »dit-il en souriant. Derrière ce sourire, je pouvais sentir son agacement. Je ne devais pas être sa meilleure recrue. Il me contourna mais je le retiens par le bras. Être un loup-garou exacerbait chacune de mes émotions, les bonnes comme les mauvaises. Alors que j'étais en colère quelques secondes avant, les larmes dévalaient à présent mes joues. Le regard de Stephen fit l'aller retour entre ma main sur son bras et mon visage, le sien était tendu. « Ne me laisse pas.» J'avais l'impression de revivre la même situation qu'avec mon père. « S'il-te-plaît..» Il soupira avant d'enlever ma main de son bras. J'étais incapable de résister. De toute manière, étant son béta, je n'étais pas position d'opposer la moindre résistance. Je m'en voulais de me montrer si vulnérable. Il était entré dans ma vie depuis un peu plus de deux semaines, il avait bouleversé mon existence et voilà qu'il voulait partir comme si de rien n'était. Je ne comprenais pas cet attachement soudain pour un homme que je connaissais à peine. Était-ce un lien pseudo-mystique qui s'était créé à cause de la morsure ? Ou était-je juste entrain de perdre la tête ? Je me contentais de renifler comme une gamine alors qu'il posait délicatement ses lèvres sur mon front. « Je sais que tout se passera bien pour toi. Et si jamais tu as besoin d'aide, tu n'auras qu'à appeler.  » Comme à chaque trop plein d'émotions, je sentis mes yeux changer de couleur. Cette sensation, presque familière maintenant, de brûlure sous mes paupières, les battements de mon cœur qui accélèrent alors que les larmes coulent toujours. Il me sourit une dernière fois avant de simplement quitter ma chambre sans prononcer un dernier mot.

1986/2005 - 0 à 19 ans |Être la cadette d'une fratrie de trois garçons n'est pas chose aisée. Zinna Riley O'Leary, première fille de la famille. Zinna était le prénom de ma grand-mère maternelle, ma mère ainsi que toute sa famille était des émigrés russes qui avaient fuit la misère de leurs pays et s'étaient retrouvés sans trop savoir comment en Irlande quand à Riley c'était le prénom prévu pur le prochain garçon car mon père était persuadé d'en avoir un quatrième. Enfant, je souffrais de la brutalité de mes frères, Félix, Mikael et Elijah. J'étais incapable de me défendre mais je continuais d'aller vers eux, parce qu'ils étaient ma famille. La famille c'est ce qu'on a de plus important non ?
La petite blonde que j'étais a vu  le jour de l'hiver de l'année 1986 à Galway en Irlande. Mon cadre de vie n'était pas digne d'une princesse mais je ne manquais de rien. Enfin les premières années de ma vie. Jusqu'à mes huit ans, tout se passait normalement, et du jour au lendemain, mon père nous a quitté. Il est partit en laissant sa femme et ses quatre enfants derrière lui avec pour seule excuse qu'il n'arrivait pas à tout gérer. Du haut de mes huit ans, la situation me paraissait lointaine. Je ne comprenais pas réellement ce que cela impliquait, et j'allais rapidement le découvrir. Ma mère travaillait dans un pressing, un travail payé une misère où elle a du redoublé d'effort pour apporter de quoi manger sur la table. Mes frères aînés se sont mit à travailler de leur côté pour combler le manque, et moi je restais là. La vie défilait devant moi sans que je puisse faire quoi que ce soit. C'est à ce moment là que je me suis dis que je devrais tout faire pour réussir ma vie et ne manquer de rien. Les années ont passé, on survivait tant bien que mal. J'avais pris moi aussi un travail dés que j'avais eu dix-sept ans, un truc de ménage, juste de quoi mettre de l'argent de côté et pouvoir commencer à vivre mon rêve. Je chérissais en secret le rêve d'ouvrir ma propre pâtisserie. La cuisine était la seule chose qui me passionnait, j'observais beaucoup ma mère faire des miracles avec le peu d'ingrédient qu'on avait. Mais ce que j'aimais le plus c'était aller regarder les vitrines des pâtisserie du centre-ville. Tout ces gâteaux aux milles couleurs et formes, aux parfums envoûtants, c'était pour les étoiles dans les yeux des clients que je voulais exercer ce métier.  Malheureusement, dans la vie, on ne fait pas toujours ce que l'on veut. Cette branche n'était pas réellement source de réussite financière et pour ne pas être égoïste, je sacrifiais mes rêves pour entamer des études de comptabilité, un métier qui rapporterait plus. Mes bons résultats scolaires m'avait permit d'obtenir une bourse d'études pour l'université de Dublin. C'est à mon départ que mes frères se rendirent compte que je pouvais être utile, depuis notre relation se modifia. Je n'étais plus le « plus un » de la fratrie, j'avais enfin une place parmi eux, c'est ce que j'attendais depuis toujours. Ils étaient mes uniques modèles masculins, et sans le savoir, j'avais toujours cherché leur approbation. Je m'étais toujours battu pour cela, et enfin, je valais quelque chose à leurs yeux. A dix-neuf ans, je quittais la maison familiale pour d'autres horizons. Les études seraient ma priorité mais je n'oublias pas mon rêve.

2009 - 23 ans | C'est entre ma troisième et quatrième année d'études que ma vie bascula. Je vivais à Dublin depuis un petit moment déjà. J'avais mes petites habitudes entre le campus et les cours. Je m'ouvrais peu à peu aux autres, refoulant ma timidité pour enfin me faire des amis. C'est d'ailleurs eux qui m'aidèrent à avancer dans mon projet « gourmand ». Le père de l'une de mes camarades de promo était boulanger, et par force de persuasion, j'obtiens un accès à ses fourneaux afin de me perfectionner, ce qui lui permettait de proposer de nouveaux produits. Se lever à cinq heures du matin ne fut pas facile les premiers temps, mais très vite je pris mon rythme. Sentir la pâte entre mes doigts, goûter pour trouver le parfait équilibre des ingrédients, sentir tout ses arômes. C'était exactement ce dont je rêvais. Fort de mon succès, j'obtiens une place de vendeuse les week-ends afin de me faire un peu d'argent. C'est bien connu qu'une femme à la caisse ça attire plus de clients. C'est comme cela que j'ai rencontré Stephen. Un samedi dés plus banal où je potassais mes cours derrières la vitrine en attendant un client lorsqu'une voix m’interpella. « Ça semble passionnant.  » Je sursautais en relevant la tête. Un homme, environ trente ans, des yeux d'un bleu perçant me souriant par dessus la vitrine. Comment était-il entré sans que je ne m'en aperçoive ? Je fermais mon livre et me mettais debout, lui souriant. « Tellement que je ne vous ais même pas entendu entrer.  » « Le plaisir de la lecture avant tout.  » J'avais souvent à faire à des clients agréables, mais lui était différent. Il mettait d'instinct à l'aise, voir en confiance. Je lui offrais un sourire avant de poursuivre « Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ?  »
C'est cette simple rencontre qui fut à l'origine de tout. Cet homme s'avéra s'appeler Stephen, il était en voyage à Dublin mais ne comptais pas tarder. Il était là pour affaires, mais ne pouvait dire non à une sucrerie de temps en temps. Tout ces choses, je les apprises les jours suivants. Stephen venait chaque jour à la même heure, très tôt le matin puisque je lui avais confié venir travailler ici avant d'aller en cours. Sans m'en rendre compte , je me mis à parler de ma famille, de mon père, de mes études, de mon rêve d'être pâtissière. Il écoutait, me souriant parfois, cherchant à en savoir plus sur moi. Je me demandais ce qu'il pouvait y trouver d’intéressant, mais je lui donnais toutes les réponses qu'il souhaitait. Après tout, Stephen était bel homme et j'avais l'impression parfois qu'il me faisait la cour. C'était troublant et agréable à la fois. Je n'avais pas tellement confiance en moi, mais lorsqu'il me regardait j'avais l'impression d'être la femme la plus puissante du monde.
Ça devait faire quelque chose comme un mois que je le connaissais, quand un samedi soir en quittant la boutique, je le trouvais appuyé contre une voiture non loin de la boutique. Toujours ce sourire en coin qui me faisait fondre. « Il est un peu tard pour rentrer tout seule.  » « Oh, bonsoir Stephen. Ne vous en faîtes pas, je fais toujours ce chemin toute seule, et je n'ai jamais eu de problème.  » répondis-je en souriant. « Il suffit d'une fois. Je vais vous raccompagner.  »J'avais envie de refuser, mais impossible de dire non. Je me contentais de le fixer dans les yeux alors qu'il ouvrait la portière. Je le connaissais assez peu, et montrer dans la voiture d'un inconnu était plus terrifiant que marcher dans la rue seule. Il me rejoignit dans l'habitacle et démarra. « C'est gentil de votre part, mais il ne fallait pas.  » « Je fais toujours attention à ce qui m'est précieux.  » Sa réplique me fit rougir. Je ne savais vraiment pas comment réagir à ce genre de paroles. Mon cœur fit une embardée, et je vis ses lèvres se courber en un sourire. Comme si il avait pu l'entendre. Le silence s'installa jusqu'à ce nous arrivions à l'entrée du campus. Je serrais mon sac contre moi, une main sur la poignée. « Merci pour le trajet. Pour la peine, je vous met un paris-brest de côté la prochaine fois.  » « Pas besoin de me remercier.  » Il appuya sur un bouton de son côté, et verrouilla les portières. Okay, mauvais plan. J'essayais de paraître naturelle. « Vous avez du vous tromper de bouton, ça a bloqué les portes.  » Il se tourna vers moi, son sourire changea. Il avait quelque chose de différent. Mon cœur s'affola de nouveau, et j'étais en train d'imaginer comment faire pour me sortir de la voiture. « Je t'ai beaucoup observé Zinna, et je suis sur que tu conviendrais parfaitement. J'aime les gens persévérants tu sais, c'est une formidable qualité.  »Le tutoiement me laissa perplexe. « Ah.. Heu merci ? .  » « Et ce petit côté naïve aussi, c'est ce qui fait ton charme.  » Je déglutis en lui offrant un sourire pas très assuré. Il prit mon gras gauche, glissant ses doigts sous ma veste il révéla la peau diaphane de mon avant-bras. Une alarme se déclencha dans mon cerveau. Attention mec pas net. Il me tira le bras vers lui, l'approchant de son visage pour le...sentir. J'essayais de m'échaper mais il avait une sacrée poigne. « J'espère vraiment que cela fonctionnera.  » « Hein ? De quoi vous...  » Je n'eu pas le temps de finir par phrase. Il planta ses dents dans ma peau. Je mis quelques secondes avant de réaliser qu'il me mordait, et à sang. Ses yeux d'ordinaires si bleu s'étaient teinté d'un rouge profond, absolument terrifiant. Le cri que je voulais pousser se coinça dans ma gorge. Et puis le noir. A mon réveil, il faisait jour, j'étais allongée sur mon lit. Ma tête me faisait mal, et j'avais un bandage autour de l'avant-bras gauche. Les événements mirent du temps à me revenir en mémoire, quand je réalisais ce qu'il s'était passé et me levais de mon lit, une voix familière s'éleva. « Tu devrais te reposer un peu avant de marcher. » Stephen sortait de ma salle de bain, aussi naturellement que possible. Je me laissais tomber sur le lit, paniquée. Je ne pouvais pas croire que le coup de l'inconnu charmeur me soit arrivé. « Qu'est-ce que vous m'avez fait ? » « Je t'ai offerts une nouvelle vie. Bienvenue dans la meute Zinna.  »dit-il en souriant, ses yeux se teintant du même rouge qui m'avait glacé le sang auparavant.

2011 - 25 ans | J'y pensais sans cesse. Je n'arrivais pas à penser autre chose qu'à ce secret, celui qui me bouffait de l'intérieur. À chaque minute, la peur qu'on me découvre se faisait ressentir. J'essayais d'avoir une vie normale, de conjuguer mes études de compta, mon stage, mes heures pratiques dans une boulangerie et ça, mais c'était compliqué. Je devais faire attention à chacun de mes gestes pour ne pas me trahir. Il m'avait laissé toute seule. Il m'avait abandonné. Je devais faire face à cela sans savoir où j'allais. Et ce qui devait arriver arriva. C'était un soir d'été, pendant ma dernière année d'études, des camarades de classe organisaient une fête pour décompresser après nos partiels. Habituellement, je ne m'y rendais jamais mais cette fois je faisais exception. A ne jamais me montrer je passais pour l’asociale de la classe,et cela attirait encore plus l'attention sur moi. Ce soir-là, j'essayais de paraître normale. Je souriais, discutais, dansais comme toute autre étudiants. Et je buvais aussi, bon pas énormément non plus car je n'avais pas l'habitude de boire de l'alcool. Mes frères s'étaient toujours moqué de moi car je n'arrivais pas à termine une pinte de bière. Alors quand ce garçon, Kyle, m'avait proposé un verre je n'avais pas dis non. Je ne voulais pas paraître faible à ses yeux alors j'avais accepté.  Et les autres avaient suivis. Je me sentais normale, je ne sentais aucun effet de l'alcool alors que Kyle, lui semblait différent. La soirée battait son plein,  tout le monde s'amusait alors qu'il me proposa d'aller discuter au calme, j'acceptais sans sourciller. Nous nous installâmes à l'arrière de sa voiture. C'était la première fois que j'étais proche d'un garçon depuis que j'étais à Dublin. Kyle était intelligent, souriant et plutôt mignon, je ne me doutais pas de ce qu'il avait l'intention de faire. « Alors Zinna, enfin tu te décides à sortir de ton dortoir. » « Oh, ça m'arrive tu sais. C'est juste que.. » Il posa un doigt sur ma bouche « Tu parles trop tu sais. On est que tout les deux là, on a pas besoin de parler » Et il m'avait embrassé. Je le laissais faire, heureuse qu'on s'intéresse à moi. Le fait que je ne résiste pas l'encouragea et il se montra entreprenant. Ses mains se posèrent sur mes épaules, puis ma taille. Ca ne me gênait pas tellement jusqu'à ce qu'il essai de toucher ma poitrine. Je le repoussais « Non Kyle, enfin pas comme ça.» « Allez, laisse toi-faire. Tu vas aimer.» Il continua sur sa lancée, me bloquant contre lui alors que sa main soulevait mon t-shirt. Je dégageais une de mes main pour repousser la sienne, lui pinçant la peau pour l'arrêter. Geste qui ne lui plu pas tellement puisqu'il m'attrapa par les cheveux pour me plaquer sur la banquette. « Tu vas arrêter de te débattre oui ! Tu devrais pas pouvoir te rebeller normalement ! » Je le fixais un instant avant de relever les jambes pour me dégager, mais il fut plus rapide et se coucha sur moi, m'embrassant de force. C'est ce geste qui déclencha tout. J'avais peur, j'étais aussi en colère contre moi-même mais surtout contre lui. Il avait essayé de me soûler pour que je me laisse faire, mais vu ce que j'étais devenue, je ne pouvais pas être ivre. Sans que je puisse le contrôler, je sentis mes dents s'allonger. Il se recula lorsque sa langue percuta une de mes canines. Il me fixait, perdu, alors que je touchais mes dents du bout des doigts. La colère grondait en moi, lorsqu'il se recula brusquement je compris que mes yeux avaient sûrement changer de couleur. « Qu'est-ce... » « Tu t'en ai pris à la mauvaise fille...»grognais-je. Kyle essaya de reculer aussi loin que l'habitacle le lui permettait mais face à moi, il n'avait aucune chance. Mes ongles s'allongèrent pour faire place à des griffes acérées. Je me laissais guider par mon instinct, et l'attrapais par la  gorge, le forçant à me regarder. « Tu vois ce qui arrives quand on joue au con...»Il m'avait vu. Je ne pouvais pas le laisser partir et prendre le risque d'être exposée. « C'était la dernière fois.» Et je le débarrassais de sa trachée. C'est ce jour là que j'ai perdu mon regard ambré.
C'est ce jour là que j'ai décidé d'arrêter d'être une gentille fille. Je me suis débarrassé du corps en brûlant la voiture. Quelques jours plus tard, mon diplôme en poche, je partais pour la France.

2011/2013 - 25 à 27 ans |Ah Paris ! Ville du luxe, de l'amour mais surtout de la gastronomie ! J'avais quitté Dublin, mon rêve toujours en tête. J'avais envie de pleinement vivre ma vie. Ce n'était pas parce que j'étais une boule de poile géante une fois par mois que je devais m'arrêter de vivre. Avec le temps, je me perfectionnais dans l'art d'être discrète. Il était inconcevable que j'en vienne à faire disparaître un autre corps. La France était comme je l'avais imaginé : riche en expériences et en nouveautés. Apprendre le français fut compliqué mais je m'en sortis, butant parfois sur quelques mots. J'en savais suffisamment pour me faire comprendre et trouver un travail dans un salon de thé. Ça me permettait de vivre de ma passion, de rencontrer des gens. Je me montrais volontairement extravertie afin de paraître normale, comme tout anglophone quoi découvrir un autre pays. C'est à mon travail que je fis une rencontre surprenante. Louise et Maxime, un charmant couple d'une trentaine d'années. Outre le fait qu'ils adoraient le thé vert les biscuits, nous avions un autre point communs. Ils étaient des loup-garous. C'était la première fois que j'en rencontrais. Une odeur étrange mais familière m'avait frappé lorsqu'ils avaient franchis la porte du salon. J'avais de suite tourner la tête vers eux, les reconnaissant avant même de les avoir vu. L'espace d'une seconde j'avais vu un éclat ambré dans leurs yeux, la même lueur que j'avais autrefois obtenu. C'est eux qui firent le premier pas en me donnant leurs coordonnées. Si ils ne l'avaient pas fait, je ne suis pas sur que j'aurais osé. Stephen ne m'avait pas tellement expliquer le comportement à adopter envers d'autres représentants de mon espèce.
Nous nous retrouvâmes quelques jours plus tard, chez eux. J'étais plus qu'anxieuse de les « rencontrer » mais ils me mirent à l'aise tout de suite. Apparemment, ça se voyait que j'étais seule. Louise m'en apprit plus que je ne l'aurais imaginé sur notre espèce, notre comportement, sur les meutes et leurs organisations. Je compris donc que Stephen était un alpha qui se créait une meute afin d'être plus puissant. J'étais un béta qui ferait mieux de vite se trouver une meute avant de finir oméga. Maxime se chargea de me mettre en garde contre toutes les menaces que je pourrais rencontrer à savoir chasseurs et vampires. J'avais du mal à croire à tout ce qu'ils me racontaient alors que j'étais moi-même « supernaturelle ». Ça paraissait insensé. Il m'aida également à perfectionner mes capacités. Mon odorat semblait être naturellement développé avec toutes ces années de cuisine, j'étais capable de retrouver une odeur particulière dans une foule. Louise s'était plusieurs fois amusée à me semer dans Paris pour que je la retrouve. Sous leurs conseils, je me révélais être une "traqueuse". Après s'être raconté nos propres histoires, ils me menèrent à leur alpha. Une dame assez âgée, Joséphine, qui m’accueillit avec plaisir. J'étais nerveuse de la rencontrer. Je connaissais la signification de mes yeux bleux et j'avais peur d'être jugé pour cela. Il n'en fut rien. Pendant ces deux ans, je fus traité comme l'un des leurs. J'avais l'impression d'avoir trouver une famille mais il me manquait quelque chose. Joséphine prit la liberté de récolter des informations auprès d'autres alphas – nous étions beaucoup plus nombreux que je le pensais – afin de retrouver la trace de Stephen. C'était cela qui me manquait ; mon véritable alpha. Je quittais mes amis, leurs promettant de revenir, pour aller trouver la seule personne qui m’intéressait.

2014 - 27 ans | Je débarquais à Twin Cover, Géorgie, après plus de huit heure d'avions et de train. Tout le long du trajet je me posais la question de savoir si je faisais le bon choix. Ca se trouve, il ne voulait pas réellement de moi. Il m'avait laissé parce que je n'étais pas la recrue qu'il attendait. Mais très vite ces pensées étaient balayés par ma colère d'avoir été abandonné sans en savoir plus. J'avais tué un innocent, blessé d'autres par sa faute.   J'avais fuis Dublin, ne donnant aucune nouvelles à ma famille, j'avais même changé de prénoms. Je préférais être connu sous le nom de Riley qui me semblait plus coller à mon nouveau moi. La ville me semblait si paisible que j'en venais presque à comprendre pourquoi il s'était installé ici. Enfin ça, c'était avant que les meurtres aient lieu. J'étais installée dans la ville, loin de chez lui pour ne pas avoir à le croiser de suite. Quelque chose se passait dans les rues et ça ne sentait pas bon pour les êtres « différents ». J’espérais vraiment que ça se calmerait, et que surtout personne ne fouine trop prêt de moi. Je menais l'enquête aussi discrètement que possible. Stephen semblait être le citoyen parfait. Vivant dans une jolie maison, gérant d'une boutique d'antiquité et ayant recueillis depuis peu un neveu dont il ignorait l'existence. Je tiltais sur ce dernier point. Avait-il transformer quelqu'un d'autre ? Je fus jalouse à l'instant même ou l'idée me traversa l'esprit. Je me devais de découvrir cela. Je décidais enfin de me pointer chez lui. J'étais différente depuis la dernière qu'il m'avait vu. Cinq années avaient passé pendant lesquelles j'avais vieillis, mes formes s'étaient développées. Je m'habillais de façon différente, plus femme qu'avant. Louise m'avait fait découvrir tout les avantages d'être une femme à savoir les talons et le rouge à lèvre entre autres. Rassemblant mes forces, j'osais enfin toquer à sa porte et lorsqu'elle s'ouvrit, j'offris mon plus beau sourire « Bonjour Stephen. »