I can stay awake for days if that's what you want ± rory

I can stay awake for days if that's what you want

Je claquais la porte d'entrée sans ménagement et me débarrassais de ma veste que je laissais tomber sur le porte-manteau. J'entendis le bruit des pattes d'Olive sur le carrelage de la cuisine jusqu'à ce qu'ils s'étouffent sur le tissue de son panier. Je passais une main sur ma nuque pour essayer d'en apaiser les tensions. J'étais énervé, et j'ignorais pourquoi. Je sentais cette colère dans ma gorge, dans mon ventre. Le genre de rage qui bouillonnent dans chaque os, chaque muscle et qui te donne l'impression de littéralement fondre. Je passais par la cuisine pour attraper un verre que je remplis d'eau pour ensuite en boire le contenu d'une seule traite. Je reposais le verre sur le meuble de cuisine et me débarrassais de mon haut avant de monter les escaliers qui menaient au premier étage. La porte de ma chambre était ouverte, j'en profitais pour lancer le vêtement sur mon lit. Il fallait que je me calme, par n'importe quel moyen, mais il fallait que je me calme. Je pris alors la direction de la salle de bain dont je refermais la porte derrière moi. Je me débarrassais des derniers vêtements que je portais et allais me positionner sous le pommeau de douche. Ma main vint se saisir du robinet d'eau froide que je tournais vers la droite. L'eau se mit à couler et si mon coeur se serra en une fraction de seconde face au froid glacé de l'eau, il recommença à battre normalement après s'être habitué à la température. Je posais mes mains à plat contre le mur carrelé et fermais les yeux. Je sentais chaque goutte d'eau tomber, s'éclater contre mon dos et glisser le long de se dernier. J'étais comme ces grands rochers sur lesquels les pluies s'acharnent et ne cessent de tourmenter la moindre parcelle disponible. Mon front vint rencontrer la surface froide du mur alors que je laissais échapper un souffle de satisfaction. Je sentais cette effluve brûlante, cuisante, le genre de sentiment avec lequel tu pourrais faire les plus grosses conneries du monde. Je la sentais s’échapper, couler avec l'eau les canalisations pour ne plus jamais remettre les pieds dans ma tête. Je fermais le robinet et attrapais une serviette de bain que j'enroulais autour de ma taille.

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La lune projetait son ampleur et sa beauté sur les toits de Twin Cover à l'aide de sa lumière astrale exagéré et profondément vantarde. J'étais assis en tailleur sur mon lit, un lit trop grand, trop vide. J'avais pris ma soirée, la première depuis que j'avais été embauché. Auparavant, je détestais me retrouver seul chez moi le soir. J'en avais même fini par oublier ce qu'était qu'une soirée, seul, dans sa maison. Ma maison. J'avais l'impression de mentir, de prétendre mien ce qui ne l'avait jamais été. J'attendais avec impatiente les miracles d'Eleonor. Peut-être réussirait-elle à me faire accepter cette maison qui avait hébergé ma première transformation ? Ma première pleine lune. Une maison dans laquelle j'avais de sang froid tué ma soeur, ma lumière, la seule personne qui semblait avoir toujours été là pour moi. Du jour au lendemain, je m'étais retrouvé seul. Tout seul. Alors je m'étais mis en quête de relations, de personnes à rencontrer. Pour combler le vide, pour compenser le manque toujours plus grandissant d'affection, d'attention. J'avais toujours eu un grand besoin d'affection, j'avais besoin de savoir que je comptais, que je n'étais pas qu'une petite brique dans un mur infini. Alors je m'étais ouvert, j'ai commencé à parler à des gens qu'il ne me serait jamais venu à l'esprit d'aborder. J'avais perdu les limites que j'avais pensé inébranlables. Le genre de règle de vie qui t'interdit de passer la nuit avec une personne pour repartir le lendemain et ne pas donner suite à ce qui aurait pu être une relation amoureuse. La vérité était que je n'était pas prêt à me lancer là-dedans. Peut-être ne le serais-je jamais. J'étais bien trop perturbé parce qui pouvait se passer dans ma tête et ce que je pouvais devenir d'un moment à l'autre. La pleine lune était la sonnette d'alarme qui me rappelait que quiconque à qui je m'attacherais trop pourrait finir comme Orlane, comme ma soeur. Je ne voulais pas être responsable d'une autre mort, plus maintenant. Alors je m'étais mis à passer mes nuits à droite et à gauche. Accoster de jeunes femmes, des hommes. Me faire rembarrer par l'une ou l'autre, mais toujours finir par arriver à mes fins lorsque je ne désirais pour rien au monde rentrer et me retrouver face à ma solitude. C'était une attitude peu vertueuse, dont je ne pouvais prétendre être fier. J'en avais eu besoin, c'était une période durant laquelle je devais me prouver que je pouvais plaire, que je n'étais pas le plus banal des hommes. Je me l'étais prouvé, alors j'avais cessé ces activités. Excepté une personne.

Rory. L'homme vers qui j'allais me diriger cette nuit-là. J'avais besoin de le voir, j'avais besoin de sa présence. Ce soir, son lit et son corps n'était qu'une option. J'avais principalement besoin de lui parler, d'entendre sa voix, de boire un/deux/trois verres et faire semblant d'avoir un peu trop bu pour tenter une approche maladroite qui je savais le faisais rire. J'ignorais si je pouvais débarquer chez lui comme ça, peut-être n'était-il pas là, peut-être dormait-il ou était il en bien plus agréable compagnie que la mienne. Je n'en savais rien. Mais si je ne tentais pas, je n'en saurais définitivement pas plus. Alors je me levais, enfilais un sweat par dessus mon jean. Je récupérais mes ranger au passage et fermais à clé la porte d'entrée derrière moi. Les rues étaient calmes, j'ignorais quel heure il était réellement. Airant comme une âme en peine, je ne mit pas longtemps avant d'atteindre l'appartement où était le loft de Rory. Je montais les escaliers et frappais à la porte. J'inspirais un grand coup, priant pour ne pas regretter ce que j'étais en train de faire...

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☽Je déposais un pied dans l'eau chaude, quasiment brûlante. Je me délectais de cette sensation alors que je me glissais dans ma baignoire. Après une dure journée à la caserne, mes muscles avaient besoin de repos et rien de mieux qu'un bon bain pour les détendre. Avec un léger fond sonore musicale, j'appréciais cette soirée qui débutait. Personne n'était attendu. Personne ne viendrait donc me déranger. Je pouvais prendre mon temps et me reposer dans ce bain moussant aux senteurs acidulées. Je posais ma tête contre le bord, allongeais mes jambes dans la baignoire faite spécialement à ma taille et fermais les yeux. Pendant un cours instant, je m'envolais vers un pays lointain et me voyais gamin mais aussi adulte.

Mon passé et mon avenir se faisaient face et je me retrouvais entre eux, coincé entre les souvenirs de mon enfance et la vie future que je mènerais. Le réveil fut brutal que j'en sursautais à en faire coulait l'eau sur le sol carrelé de ma salle de bain. Je reprenais rapidement mes esprits pour plonger mon corps entier dans l'eau. Je ne remontais que quelques secondes plus tard et déposais mes bras sur les bords de la baignoire. Je soupirais. Je n'avais pas pour habitude faire ce genre rêve ou cauchemar, et bien que je sois pleinement conscient du danger à Twin Cover, je n'aurais jamais pensé que ce qui me terrifiait le plus venait de moi. Mais passons, les rêves n'étaient que pour nous vider l'esprit et éviter que l'on explose intérieurement. Je ne m'en préoccupais pas plus et reprenais le cheminement de mon petit moment de détente, pensant que rien ne pourrait venir encore une fois entraver cet instant. Pourtant, on frappa à la porte...

J'aurais pu rester dans mon bain, attendre que ce type s'en aille sans que je ne me lève d'ici. J'aurais pu le faire, être ignorant et augmenter le son de la musique pour dissimuler le son du claquement de porte. Malheureusement, je n'en fis rien et me redressais dans mon bain. J'enjambais la baignoire et attrapais une serviette. Je me séchais rapidement, laissant probablement de la mousse dans le dos, sur les épaules et la tête. J'espérais juste que ce n'était qu'un voisin avec une demande inutile pour que je puisse retourner au chaud dans l'eau. Je descendais donc les escaliers en fer de mon loft, me séchant le visage. Arrivé devant ma porte, j'enroulais la serviette autour de ma taille et l'attachais. J'ouvris. Surprise, ce n'était pas un voisin et encore moins un démarcheur. « Gabriel... » Lançais-je d'une manière plus que sensuelle à l'égard du jeune homme. J'affichais un léger sourire en coin tandis que je posais mes yeux dans les siens. « Je ne m'attendais pas à ce que se soit toi. »

Je m'écartais alors de ma porte pour qu'il puisse entrer. Je lui fis signe et refermais derrière lui. Je n'étais pas gêné. Être en simple serviette devant lui relevait presque du miracle puisque nous étions habitué à n'avoir aucun vêtement lorsque nous nous retrouvions. C'est d'ailleurs ce qui me fit sourire alors que je le laissais prendre ces marques dans mon loft. Ce n'était la première fois qu'il venait mais c'était bien la première fois qu'il sonnait chez moi. Je m'avançais dans la cuisine et ouvrais le frigo duquel je sortais deux bières. Idéal pour commencer une soirée improvisée. Je les décapsulais toutes les deux et en tendais une à mon invité surprise. Je saisis la mienne et m'appuyais sur le plan de travail tout en sirotant ma première gorgée. « Qu'est-ce qui t'arrive, Gaby ? » Lui demandais-je alors par curiosité car le jeune Stormrage devait bien avoir une raison pour être arriver devant chez moi sans m'avoir prévenu au préalable. Je n'étais pas déçu de sa présence. La porte était toujours ouverte. Je me questionnais juste sur le fin mot de son audace.

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Je ne saurais dire ce qui m'avait empêché de couper les ponts avec Rory. Peu importe la force avec laquelle j'avais tenté de m'éloigner de lui, j'avais échoué comme un enfant qui boude ses parents, comme un adolescent qui essaie d'arrêter la clope. Peut-être était-il devenu cette dose de nicotine qu'il fallait à tout fumeur, l'ivresse qui rendait les alcoolique heureux et ignares. J'avais fini par avoir besoin de son corps, de sa chaleur contre ma peau et de sa voix hantant ma tête. Ce n'était pas de l'amour. C'était cette attirance, cette dépendance physique qui détruit la volonté et asservie le corps. En sa présence, ma peau se réchauffait, mon coeur devenait plus vigoureux et mon esprit s'embrouillait entre désirs et pulsions. Peut-être était-ce plus que de l'amour...une passion charnelle qui rend l'homme animal et l'animal enviable de par sa capacité à tout oublier, à vivre de son instinct. Un instinct que l'Homme avait perdu depuis les prémices de son existence. J'étais donc condamné à désirer un corps et l'amitié de son propriétaire. Rory était de ces personnes que l'on croise dans la rue, dont on remarque la belle plastique et la prestance assuré. De ces personnes dont on voudrait se rapprocher pour en apprendre plus sur elles. Je n'avais jamais questionné Rory sur son passé, tout comme j'appréciais que lui-même ne le fasse pas. Notre relation était de celles maudites par les évangiles. Deux hommes se métamorphosant en une seule et même entité dont la température aurait pu jalouser le soleil. Deux hommes partageant une bière et commentant des futilités avant de laisser tomber leurs armures pour se révéler à l'autre comme un être fragile et pourtant si fort. Je ne regrettais pas d'avoir gardé contact avec Rory. Je ne lui en voudrait pas s'il venait à rompre cette chose que nous partagions. Nous étions maître de nos existences et si un jour il s'avérait que nous ne voudrions plus de cela, alors cela viendrait à cesser. Comme ça avait commencé, au détour d'une bière, d'un rire et d'un baiser mordant.

La porte s'ouvrit sur la silhouette de l'homme dont je convoitais la présence et mon regard s'attarda sur son torse nu et encore humide. "Gabriel... " sa voix se fraya un chemin jusqu'à mon esprit qui frissonna à l'entente de son timbre grave et affreusement perturbant. J'inspirais un bol d'air suffisant pour redonner un coup de fouet à mon visage qui vint planter mes prunelles dans celles de Rory. " Je ne m'attendais pas à ce que se soit toi." un sourire en coin vint s'afficher sur mes lèvres que j'humectais avant de répondre d'un ton faussement indifférent "Qui d'autre voyons...". Il s'écarta de l'entrée et je posais un pied sur le seuil avant de me retrouver dans l'appartement. Je m'arrêtais quelques instants afin de profiter de l'instant. Je n'avais jamais réellement étudier le lieu où vivait Rory. A vrai dire, cela ne m'avait jamais intéressé. Mais ce soir, j'avais envie de savoir, j'avais envie de découvrir l'univers de l'homme avec qui j'avais déjà passé de nombreuses nuits. Je suivis malgré tout mon hôte jusqu'aux plans de travail d'où il me tendit une bière décapsulé. Je me saisis de cette dernière et porta le goulot jusqu'à mes lèvres pour en boire une gorgée. Je sentis l'alcool glisser le long de ma gorge avant de se perdre dans mon corps. Je fermais les yeux l'espace d'un instant, savourant les parfums de la boisson. "Qu'est-ce qui t'arrive, Gaby ?" je déglutis et plongeais mes yeux dans ceux de l'hôte. Que m'arrivait-il ? Pourquoi étais-je venu ? Tant de questions auxquels j'aurais bien aimé trouvé quelques réponses par moi-même. Je posais la bière sur le plan de travail avant de croiser les bras sur mon torse. "J'avais envie de te voir...mais je peux tout aussi bien te laisser si je te dérange." lui répondis-je en pointant mollement la porte d'entrée du doigt.

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☽La surprise fut grande quand j'aperçus Gabriel derrière ma porte. J'aurais regretté de ne pas être descendu si jamais j'avais pris la décision de rester dans mon bain et de profiter seul de cet instant sans avoir à ouvrir la porte.Mais mon instinct m'avait poussé à sortir de la baignoire pour aller ouvrir et voir Gaby me réjouissait. Je n'aurais pas à le repousser pour être en paix contrairement à un voisin dérangeant et à un démarcheur bien trop téméraire. « Qui d'autre voyons... » Je lui souris, m'écartant pour le laisser entrer. Il connaissait les lieux, je le laissais donc passer devant et nous servait une bière chacun tandis que je m'appuyais sur le plan de travail en prenant ma première gorgée. Je lui posais alors la question qui trottait en tête depuis son arrivée et le jeune homme semblait légèrement déboussolé, voire déstabilisé, quand il déposa sa bouteille sur le comptoir central. Avais-je fais une bourde en le questionnant ? J'étais juste curieux de nature et sa réaction m'intrigua. Je l'écoutais donc répondre. « J'avais envie de te voir...mais je peux tout aussi bien te laisser si je te dérange. » Je plissais les yeux, me doutant un peu de ses pensées profondes mais je n'ajoutais rien. Gaby était déjà assez perturbé pour que j'en rajoute une couche, même si dans un moment plus approprié à la rigolade je n'aurais pas hésité à le taquiner.

« Non, non. Restes. Tu ne me déranges pas. Je prenais simplement un bain pour me détendre vu que je n'avais rien de prévu et que j'étais seule ce soir... » Je lui montrais ma tenue d'une main, apercevant alors un peu de mousse sur mon bras. Je l'essuyais dans la foulée. « Mais comme t'es là maintenant, je vais changer mes plans et d'une certaine façon, ça m'arrange. Après une journée comme celle-ci, j'ai besoin de souffler et de compagnie. Le boulot m'a tué. » Je soupirais. La journée avait été longue, pénible, interminable. Entre un appel pour une simple égratignure, un autre pour une hypoglycémie chez un diabétique inattentif et le dernier pour sauver un chien qui s'était ouvert la patte, j'avais tout vu. D'ailleurs, le propriétaire du sale cabot m'avait entendu. Je n'étais pas vétérinaire mais secouriste. Je soignais des êtres humains et non pas le meilleur ami de l'homme. Je l'avais probablement effrayé. Tant pis, au moins il comprendrait la différence entre une urgence médical et une urgence animal.

Je m'approchais alors de Gabriel et posais mon bras sur son épaule. Je le regardais tout en buvant une dernière gorgée de ma bière. Je la déposais à mon tour sur le plan de travail. « Bon, c'est pas que j'ai froid mais je vais aller enfiler une tenue plus adaptée pour recevoir un invité. Pas que ça me dérange de me pavaner en serviette devant toi mais c'est tout de même plus respectueux. » Je le délaissais un instant me dirigeant vers les escaliers. Je commençais à monter avant de me pencher par-dessus la rambarde. « Je reviens rapidement. Fais comme chez toi. » Je continuais mon ascension et arrivais directement dans ma chambre, je retirais donc ma serviette que je balançais dans la salle de bain et attrapais le vieux jean qui traînait sur la chaise ainsi que le débardeur noir que j'avais laissé sur mon lit. J'enfilais le tout et redescendais toujours pieds nus au rez-de-chaussée. Je repris ma bière et donnais une légère dans l'épaule de Gabriel. « Allez, viens... On va s'asseoir et tu vas me raconter pourquoi t'es d'humeur si morose ce soir. » Je laissais planer un léger silence tout en m'installant sur mon canapé. « Je n'accepte aucun refus. Si t'es là, c'est que tu ne voulais pas être seul alors je t'écoute. »

» Rory Doherty
» It's time for us to meet (Rory)
» ⊹ AND HERE I STAND AND HERE I'LL STAY.
» Parfois, certaines rencontres ne sont pas souhaitées. | Rory.
» days gone by

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