Comment donner sa confiance à quelqu’un si cette personne vous déçoit à chaque fois ? C’était la question que ce posait Stephen pour un de ses informateurs. Ce dernier devait lui trouver des informations sur des chasseurs venant de s’installer en ville, mais il devait aussi lui trouver certains produits comme du tue-loup et de la verveine. Ca faisait un mois qu’il lui avait demandé cela. Malheureusement, son informateur avait du retard, comme toujours. Il commençait donc à en avoir sacrément marre de lui. Il aurait pu dire à un de ses loups d’aller le chercher et de le tuer, mais c’était lui l’alpha, donc à lui pour une fois de faire le sale boulot. En plus, ça lui permettrait d’avoir d’autres informations s’il en avait besoin. Toute la journée, il fit comme si tout était normal. Seulement, une fois la nuit tombée, il alla attendre le jeune homme qu’il comptait tuer près de chez lui. Ce dernier le vit et prit la fuite, mais Stephen courrait plus vite que lui et il le rattrapa en un rien de temps. L’assommant, il le transporta jusqu’aux bois. Là-bas au moins ils seraient tranquilles pour parler.

J’aurai tout ce week-end.
Oh vraiment ?
Oui, je te le jure.
Ca fait un mois que tu me racontes la même chose !
Je sais, je sais, mais j’avais besoin de temps. Ce sont des produits qui ne sont pas facile à trouver.
Je ne te crois plus.
Non, je t’en prie, attends, ne me tue pas.

Stephen fit briller ses yeux rouges. C’était bien dommage de le tuer, il lui avait été tellement utile au début. Il avait toujours les meilleures informations de la ville et était véritablement utile. Malheureusement, il devait s’en séparer et le laisser en vie n’était pas une option envisageable.

Si tu avais fait ton travail convenablement, je n’aurai pas eu besoin de te tuer.
Je t’en supplie, non, ne fais pas ça !
Je n’ai pas le choix. Tu sais trop de choses.
S’il te plaît, non, je ferai tout ce que tu voudras.
C’est déjà le cas, mais tu n’es pas efficace.

Sortant ses griffes, il leva la main près à égorger le jeune homme quand il entendit un bruit. Il eu juste le temps de se retourner avant d’être projeté dans les airs et de finir contre un arbre. Allongé au sol, il leva la tête et vit un loup qui visiblement s’était invité à leur petite soirée. Se redressant, il regarda l’homme qu’il ne connaissait pas encore.

C’est très impoli d’intervenir de la sorte quand vous n’êtes pas invité.

Que venait-il faire là ? Son informateur avait-il décidé de se faire protéger par un loup désormais ? Si c’était le cas, il allait le lui payer cher.

Je n’ai rien contre vous, alors allez-vous en et tout s’arrêtera là.

Il lui laissait une chance de partir. Bien évidemment, il ferait des recherches sur lui, mais ça, il ne comptait pas lui en faire part.

Parfois, certaines rencontres ne sont pas souhaitées.
☽Ma journée se terminait. Ma garde aussi. Je rentrais chez moi alors que le soleil se couchait sur la ville. Dans mon pick-up, j'écoutais le dernier album de Pharrell Williams tout en chantant, bougeant à son rythme et conduisant. Il n'y avait pratiquement personne sur la route, je pouvais donc aisément me défouler au volant. Après une garde éreintante, le fait de se laisser aller me faisait le plus grand bien. D'ailleurs, je pris à ce moment même la décision d'aller courir dans la forêt sous ma forme animal. J'avais besoin de décompresser, d'aller vite, de sentir le vent sur mon visage à moitié-loup, à moitié-humain. Je n'étais pas encore comme mon père qui avait appris avec l'âge à se transformer entièrement en loup. Les Alphas de notre famille avait ce don particulier et d'une certaine manière, j'enviais mes ancêtres. Je ne serais jamais un Alpha. Je n'aurais jamais donc cette transformation totale. J'étais condamné à rester un Oméga aux yeux bleus comme l'acier. A peine arrivé chez moi que j'abandonnais mon jean et ma chemise pour me vêtir d'un short et d'un débardeur pour aller courir dans la forêt quitte à les déchiqueter lors de ma transformation. J'avais maintenant l'habitude et mon budget vêtement était donc prévu en conséquence. Un dernier tour de clé et je courais en direction des bois.

Le hasard faisait souvent bien les choses. Alors que je courais sous ma forme animal après transformation une fois dans la forêt, je me retrouvais attiré par cette odeur, ces bruits étranges et ces pas dont je reconnaissais l'enjambée d'un loup-garou. Curieux, je m'étais mis à les suivre tout en continuant de défouler la bête qui sommeillait en moi. Cependant, je finis rapidement par les rattraper. Au loin, j'apercevais déjà la scène qui se déroulerait d'ici peu sous mes yeux. Je ne m'arrêtais pas et fonçais tête baissé quand je vis que le loup en question se préparait à attaquer cet humain. Je surgis alors d'un buisson et me ruait sur la créature surnaturelle pour le projeter loin de cet innocent. Je me positionnais alors entre le loup et sa proie, grognant méchamment contre mon congénère tandis que je me préparais à une représailles. Je plantais donc mes pieds dans le sol à l'aide de mes griffes et m'appuyais sur mes bras pour bondir sur mon ennemi s'il décidait d'attaquer.

« C’est très impoli d’intervenir de la sorte quand vous n’êtes pas invité. » Je plantais mes yeux dans les siens, constatant que les siens étaient rouges, rouges sang. J'avais un Alpha devant moi et je le provoquerai maintenant en connaissance de cause. Je grognais encore une fois. Il ne m'intimidait pas et j'avais bien l'intention de lui tenir tête pour sauver celle de cet humain que je regardais du coin de l’œil. « Je n’ai rien contre vous, alors allez-vous en et tout s’arrêtera là. » Je ne bougeais pas, renforçant même mon emprise dans la terre fraîche de la forêt. « Si vous comptiez vous en prendre à lui, je n'ai d'autres solutions que de rester pour vous en empêcher. » Lui lançais-je sur un ton froid et provocateur. « Vous avez beau être un Alpha, je ne vous crains pas. Je veux juste éviter un nouveau carnage à cause de vous et de votre grande stupidité. » Personne ne serait tué devant moi. Je prenais la défense de cet être faible face à ce grand méchant loup. Mais bientôt ce grand méchant loup comprendrait l'étendu de son erreur. Comme mon père me l'avait appris avant sa mort, la meilleure défense restait l'attaque. Ainsi, sans même sourciller, je me mis à courir en direction de l'Alpha avec un seul but : le repousser. Je me jetais complètement sur lui. Bras ouverts, griffes acérées, gueule béante et dents aiguisées.